6.1.06

La recherche scientifique au 21ème siècle


Une approche écosystémique


Fini le temps des scientifiques cantonnés dans leurs laboratoires poussiéreux. Les chercheurs ne travaillent plus sur une partie du sujet, coupés du reste de l’étude. A l’heure actuelle, le point de départ est replacé dans son contexte. Place à l’approche écosystémique ! L’Homme est au centre des recherches mais les facteurs qui influencent son écosystème sont pris en compte.

Quelle est l’influence du mercure sur la santé humaine ?

Voici le point de départ de Donna Mergler, professeure en sciences biologiques à l’Université du Québec À Montréal, et de son équipe. Pour répondre à cette laborieuse question, les chercheurs sont partis du taux élevé de mercure rencontré en Amazonie, au Brésil, dans les poissons mais aussi chez l’Homme. Ils ont dû fragmenter cette étude en différentes parties.

1ère partie : d’où provient le mercure rencontré dans l’eau ?

La première hypothèse était que le mercure utilisé dans les mines pour extraire l’or se retrouve dans l’air, puis dans l’eau. Libéré ainsi dans l’environnement aquatique, il s’accumule au fur et à mesure que l’on avance dans la chaîne alimentaire, aussi appelée chaîne trophique. En fait, le mercure provient du relâchement des sols suite à la déforestation. Les sols n’ayant plus la protection des arbres, sont plus érodés. Le mercure est donc transporté dans l’eau à la suite des pluies et des crues. Les poissons se nourrissant de mets aquatiques (algues pour les herbivores, petits poissons ou plancton animal pour les carnivores) sont à leur tour contaminés par ce polluant.

2ème partie : quels sont les niveaux de mercure rencontrés chez les poissons et les humains de cette région ?

Les poissons sont pêchés et analysés. Les résultats montrent des taux différents selon que les poissons soient carnivores ou herbivores. En mangeant d’autres chairs contaminées par le mercure, les poissons carnivores possèdent beaucoup plus de mercure. Ces taux sont de 0,05 %.
Afin de connaître l’historique des quantités de mercure chez les gens de la région, les analyses ont été effectuées sur des échantillons de cheveux. Les chercheurs ont ainsi obtenu un taux de mercure en fonction de la chronologie, correspondant à une saison de l’année.

3ème partie : quels sont les effets de tels taux de mercure sur la santé humaine ?

On observe des signes néfastes du mercure sur le système nerveux à partir de 5 %. Dans le cas de cette étude, les craintes étaient tournées sur l’effet de ce polluant sur le quotient intellectuel des enfants. La baisse du bien-être entraînée par de tels effets a une conséquence sur toute la collectivité. Grâce à 5 tests psychomoteurs (mettant en jeu les capacités physiques des enfants), l’équipe de chercheurs a découvert que les facultés des enfants diminuent avec l’augmentation du taux de mercure, et ce à partir de 2 %.

4ème partie : comment être sûr de ces résultats ?

Impliquée dans cette étude, la communauté locale a tenté avec les chercheurs de trouver des solutions à cette pollution. Pour ne pas changer complètement les modes alimentaires de cette population, les scientifiques ont incité les gens à toujours manger du poisson, mais ceux ayant une contamination au mercure moins importante, c’est-à-dire les poissons herbivores. En 6 ans, les analyses ont montré que le taux de mercure rencontré chez ces gens avait diminué de 40 %. Les effets du mercure sur la santé humaine ont donc diminué.

Et après ?

Cette étude montre l’importance pour la science de travailler de pair avec les populations touchées par de tels sinistres. Découvrir d’où vient le problème, évaluer la difficulté, revenir auprès des gens en leur proposant des solutions alternatives, tester avec eux l’efficacité de ces résultats, telle est la nouvelle mission de la science.

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