19.11.06

Textes des Sciences Simplifiées 2006

Dans le cadre d'une collaboration avec le musée Armand Frappier, plusieurs textes sont parus dans le bi-hebdomadaire "Courrier Laval". Voici les textes écrits en 2006. Je vous invite à les découvrir...

  • une saine alimentation contre le cancer (29 Décembre)
  • les enquêtes épidémiologiques (24 Novembre)

  • le rhume et la grippe (27 Octobre)
  • le smog (23 Juillet)



  • la maladie d'Alzheimer (2 juillet)



  • les bioinsecticides (4 Juin)
Retrouvez ces articles et d'autres sur le cybersite du Musée Armand Frappier.

En ligne sur le Courrier Laval :

Bonne lecture !!

6.1.06

La thérapie génique au service de la lutte contre le cancer

Le cancer tue généralement par des métastases perturbant le fonctionnement des organes dans lesquels elles se développent. Une des techniques utilisées pour soigner cette maladie, la chimiothérapie, peut être aussi dommageable pour les patients. La thérapie génique offre un nouvel espoir dans le combat contre le cancer.

La chimiothérapie est utilisée pour lutter contre le cancer en phase de généralisation. Les produits utilisés s’attaquent à toutes les cellules en prolifération. Ils ne font pas la différence entre cellules tumorales et cellules saines. En cas d’utilisation de fortes doses permettant d’augmenter son efficacité sur certaines tumeurs, la chimiothérapie détruit les cellules de la moelle osseuse. Ces cellules sont les promotrices des globules rouges (assurant l’oxygénation des tissus) et des globules blancs (assurant la protection de l’organisme contre les infections). Il est donc important de les sauvegarder. Actuellement, on effectue un prélèvement de la moelle osseuse avant traitement, puis on l’autogreffe au malade après injections des produits chimiothérapeutiques.
Les chercheurs de l’Institut du Cancer du New Jersey nous font part des découvertes récentes dans ce domaine. Il existe actuellement une thérapie qui consiste à insérer un gène de résistance aux drogues anticancéreuse dans les cellules de la moelle osseuse du patient. Ces études en sont au stade préclinique pour la plupart mais certaines en sont au stade cliniques. Le gène de résistance multidrogue MDR 1 fournit une résistance à de multiples produits chimiothérapeutiques. Il protège ainsi les cellules normales de la toxicité de ces drogues carcinogènes.

Cette technique, en plus d’être utilisée dans de multiples maladies acquises comme les lymphomes ou le cancer du sein, des testicules ou du cerveau, peut s’avérer utiles dans le traitement de maladies génétique comme la thalassémie ou la déficience immunitaire sévère liée au chromosome X.

La recherche scientifique au 21ème siècle


Une approche écosystémique


Fini le temps des scientifiques cantonnés dans leurs laboratoires poussiéreux. Les chercheurs ne travaillent plus sur une partie du sujet, coupés du reste de l’étude. A l’heure actuelle, le point de départ est replacé dans son contexte. Place à l’approche écosystémique ! L’Homme est au centre des recherches mais les facteurs qui influencent son écosystème sont pris en compte.

Quelle est l’influence du mercure sur la santé humaine ?

Voici le point de départ de Donna Mergler, professeure en sciences biologiques à l’Université du Québec À Montréal, et de son équipe. Pour répondre à cette laborieuse question, les chercheurs sont partis du taux élevé de mercure rencontré en Amazonie, au Brésil, dans les poissons mais aussi chez l’Homme. Ils ont dû fragmenter cette étude en différentes parties.

1ère partie : d’où provient le mercure rencontré dans l’eau ?

La première hypothèse était que le mercure utilisé dans les mines pour extraire l’or se retrouve dans l’air, puis dans l’eau. Libéré ainsi dans l’environnement aquatique, il s’accumule au fur et à mesure que l’on avance dans la chaîne alimentaire, aussi appelée chaîne trophique. En fait, le mercure provient du relâchement des sols suite à la déforestation. Les sols n’ayant plus la protection des arbres, sont plus érodés. Le mercure est donc transporté dans l’eau à la suite des pluies et des crues. Les poissons se nourrissant de mets aquatiques (algues pour les herbivores, petits poissons ou plancton animal pour les carnivores) sont à leur tour contaminés par ce polluant.

2ème partie : quels sont les niveaux de mercure rencontrés chez les poissons et les humains de cette région ?

Les poissons sont pêchés et analysés. Les résultats montrent des taux différents selon que les poissons soient carnivores ou herbivores. En mangeant d’autres chairs contaminées par le mercure, les poissons carnivores possèdent beaucoup plus de mercure. Ces taux sont de 0,05 %.
Afin de connaître l’historique des quantités de mercure chez les gens de la région, les analyses ont été effectuées sur des échantillons de cheveux. Les chercheurs ont ainsi obtenu un taux de mercure en fonction de la chronologie, correspondant à une saison de l’année.

3ème partie : quels sont les effets de tels taux de mercure sur la santé humaine ?

On observe des signes néfastes du mercure sur le système nerveux à partir de 5 %. Dans le cas de cette étude, les craintes étaient tournées sur l’effet de ce polluant sur le quotient intellectuel des enfants. La baisse du bien-être entraînée par de tels effets a une conséquence sur toute la collectivité. Grâce à 5 tests psychomoteurs (mettant en jeu les capacités physiques des enfants), l’équipe de chercheurs a découvert que les facultés des enfants diminuent avec l’augmentation du taux de mercure, et ce à partir de 2 %.

4ème partie : comment être sûr de ces résultats ?

Impliquée dans cette étude, la communauté locale a tenté avec les chercheurs de trouver des solutions à cette pollution. Pour ne pas changer complètement les modes alimentaires de cette population, les scientifiques ont incité les gens à toujours manger du poisson, mais ceux ayant une contamination au mercure moins importante, c’est-à-dire les poissons herbivores. En 6 ans, les analyses ont montré que le taux de mercure rencontré chez ces gens avait diminué de 40 %. Les effets du mercure sur la santé humaine ont donc diminué.

Et après ?

Cette étude montre l’importance pour la science de travailler de pair avec les populations touchées par de tels sinistres. Découvrir d’où vient le problème, évaluer la difficulté, revenir auprès des gens en leur proposant des solutions alternatives, tester avec eux l’efficacité de ces résultats, telle est la nouvelle mission de la science.

La pilule bleue à la rescousse du cœur des femmes

Si le viagra est si célèbre, c’est pour sa guérison de certaines maladies d’amour. On peut dorénavant lui accorder des vertus pour guérir des maladies de cœur.


100 000 personnes à travers le monde, principalement des jeunes femmes, sont touchées par l'hypertension pulmonaire artérielle. Cette maladie ne laisse que 50 % de taux de survie après 5 ans de diagnostic. Une récente étude vient de démontrer que le sildénafil, molécule mieux connue sous le nom commercial de Viagra, permet maintenant de traiter ces cas. En plus d’aider les hommes, le Viagra peut maintenant être pris par les femmes.

Le mode d’action
Développé pour ses propriétés vasodilatatrices, le sildénafil devait avoir une fonction cardio-protectrice en liquéfiant le sang. N’étant pas concluant dans ce rôle, il a pourtant été vite remarqué par les patients masculins pour ses effets secondaires. Censé lutter contre une mauvaise irrigation du cœur et des angines de poitrine, la drogue commercialisée sous le nom de Viagra permet de traiter les cas de dysfonctionnements érectiles (ou impuissance).
Cette molécule induit l’érection en inhibant une enzyme spécifique, la PDE 5. Cette enzyme, retrouvée surtout dans le pénis, est neutralisée. Le GMC cyclique, substance présente lors de l’excitation, peut ainsi relâcher les vaisseaux sanguins du pénis qui grossissent et s’engorgent de sang. Les scientifiques ont élargit dernièrement son champ d’action.

L’hypertension pulmonaire artérielle
L’hypertension pulmonaire artérielle consiste à l’épaississement et au resserrement de minuscules vaisseaux sanguins existant dans les poumons. Ces changements créent une énorme pression au niveau du cœur par l’artère pulmonaire, le vaisseau qui permet de porter le sang du cœur aux poumons pour une réoxygénation. Les patients atteints de cette maladie souffre donc d’une faible oxygénation sanguine et de réduction et faiblesse cardiaque. L’origine de cette maladie n’a pas encore été déterminée.

Bouffée d’air dans le sang
L’enzyme agissant dans le cas de dysfonctionnement érectile, la PDE 5, est largement répandue dans les poumons. C’est pourquoi l’équipe du docteur Galié, de l’institut de cardiologie de Bologne, en Italie, a pensé à expérimenter le sildénafil sur des patients atteints d’hypertension pulmonaire artérielle. Les 278 malades de cette étude ont été traités de 2 manières différentes : placebo ou doses croissantes de sildénafil. L’effet de cette drogue est mesurée par un test simple de locomotion. Après 12 semaines de traitement, les résultats montrent que la distance parcourue par les malades est augmentée de 45 à 50m, proportionnellement à la dose reçue.
En dilatant les vaisseaux sanguins au niveau des poumons, le sildénafil inhiberait la croissance des cellules bloquant les vaisseaux sanguins, augmentant le flux et abaissant la pression cardiaque.

De l’utilité du sildénafil
Si 100 000 000 hommes à travers le monde souffrent d’une quelconque dysfonction érectile, il est aisé de comprendre pourquoi les losanges bleus se sont si bien vendus. Les actions de son découvreur ont monté en flèche. La molécule est maintenant « relookée » afin d’offrir un traitement contre l’hypertension pulmonaire artérielle meilleur marché. Le médicament est appelé Revatio. La pilule, blanche, a envahi les pharmacies depuis Juillet aux Etats-Unis et a été adoptée ce mois-ci en Europe. Le sildénafil est donc une bonne alternative à un traitement pouvant coûter jusqu’à 20 000 US $.

Les utilisateurs de cette molécule ne seront plus uniquement des hommes de plus de 50 ans mais un grand nombre de personnes souffrant de troubles cardiaques et pulmonaires. Elle pourrait jouer un rôle dans le cas de leucémie lymphoïde chronique B. Les scientifiques sont même en train de chercher si cette molécule pourrait être utile aux montagnards, lors d’ascension de haute altitude où l’oxygène fait défaut. Ces résultats encouragent la poursuite d’études dans d’autres maladies.